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La Force de Frappe Tranquille

AuthorCanard
DateSeptember 1984
Classification 2.02.0.00/35 (FRANCE - GENERAL)
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LA dissuasion nucléaire repose sur un principe de base d'une simplicité redoutable, 
mais peu désarmante: si tu m'attaques j'aurai mal, mais je te ferai au moins souffrir 
autant. Il est donc de ton intérêt comme du mien d'en rester là. C'est d'une logique 
implacable, mais pour que cela fonctionne, mieux vaut éviter des variations trop 
importantes dans l'équilibre des forces en présence.

Avec nos 98 têtes nucléaires, nous avons potentiellement de quoi faire 6 600 
Hiroshima de dégâts. C'est impressionnant, mais c'est à peu près 150 fois moins 
que ce qu'alignent Russes et Américains réunis.

Cela veut dire qu'en cas de nécessité la force de frappe française serait susceptible 
de faire de gros dégâts, mais qu'il ne resterait pas beaucoup de Français pour en 
mesurer l'ampleur.

Nous sommes la troisième puissance nucléaire du monde, et, sur le plan international, 
même les socialistes jugent cela valorisant. Mais dans l'hypothèse d'un conflit entre 
les deux grands, nous serions les premiers servis, pour plusieurs raisons.

D'abord, parce que nous nous trouvons géographiquement au coeur des opérations 
(un peu moins exposés que l'Allemagne, toutefois nettement plus que le Zimbabwe). 
Ensuite, parce que la France est l'alliée de l'un des grands, ce qui, en temps de 
conflit, se traduit par être l'ennemi de l'autre.

Notre défense n'est pas seulement dépendante des Etats-Unis pour cause d'Histoire, 
elle l'est aussi pour des raisons techniques : les têtes nucléaires françaises n'ont pas 
leurs propres yeux; la France n'a pas de satellite-espion, et, malgré ses distances (de 
plus en plus symboliques) avec l'Otan, elle doit utiliser les informations fournies par 
ses alliés. Il n'est pas nécessaire d'être expert en polémologie pour imaginer que, dans 
l'hypothèse d'un choix déchirant, les Américains, alliés ou non, ne renonceraient pas 
à Washington pour sauver Paris.

Bref, notre parapluie a quelques faiblesses. De plus, il revient cher, et il n'y a 
aucune raison pour que ça s'arrête. La dissuasion est un engrenage. Si on commence, 
il faut continuer sous peine d'être immédiatement dépassé techniquement et donc de 
ne plus dissuader grand monde.

De Gaulle a ouvert la voie ; ses successeurs, de droite comme de gauche, ont suivi 
avec quelques variantes atlantistes, après avoir découvert que l'indépendance 
nationale que prônait leur prédécesseur était un luxe de plus en plus coûteux. 
Un luxe nécessaire ?

Le but de ce dossier est de vous donner tous les éléments pour en juger ... 
tranquillement.

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